La prevention a travers l’europe
Auteur(s):
Susanna Kugelberg | |
Susanna Kugelberg is a Technical Officer, working within the Division of Noncommunicable Diseases and the Lifecourse at the WHO Regional Office for Europe. |
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Jo Jewell | |
Jo Jewell is currently working as a Nutrition Policy Consultant within the Division of Noncommunicable Diseases and the Lifecourse at the WHO Regional Office for Europe. |
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João Breda | |
Programme Manager Nutrition, Physical Activity and Obesity World Health Organisation – Regional Office for Europe |
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Close de non-responsabilité : Joao Breda, Jo Jewell et Susanna Kugelberg sont membres du Bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Europe. Les auteurs sont seuls responsables des opinions exprimées dans cette publication qui ne représentent pas nécessairement les décisions ou la politique déclarée de l’OMS.
L’obésité infantile reste un défi majeur pour presque tous les pays de la Région européenne. Les statistiques sont inquiétantes, avec des taux croissants de surpoids et d’obésité signalés dans de nombreux pays de la Région au cours des dernières décennies . Les taux sont très élevés et le gradient social marqué là où les tendances ont récemment commencé à s’atténuer1. L’Organisation mondiale de la Santé a récemment adopté un objectif global de redoublement d’efforts de tous les pays pour mettre un terme à l’augmentation du surpoids (y compris l’obésité) chez les enfants de moins de 5 ans d’ici 2025. En Europe, des efforts considérables d’identification des solutions potentielles ont été consentis, quelques progrès obtenus dans l’élaboration de politiques dans certains domaines d’action 2,3. Néanmoins, afin de véritablement stopper l’augmentation de l’obésité infantile, il est nécessaire de prendre des mesures politiques beaucoup plus importantes dans tous les pays.
L’obésité infantile est un problème multiforme ancré dans des contextes physiologiques, comportementaux, génétiques, socio-économiques, environnementaux et politiques. Il est clair que des mesures de prévention de l’obésité infantile doivent donc être prises dans de multiples contextes et à tous les niveaux de gouvernement.
Elles doivent également intégrer des approches diverses et impliquer un large éventail de parties prenantes. Des interventions isolées ou des solutions uniques pour l’obésité infantile resteront probablement inefficaces et non viables. Les approches politiques qui combinent des changements dans l’environnement alimentaire et physique, avec des interventions de changement de comportement à base communautaire et à composantes multiples et une insistance sur les aptitudes et les compétences, sont beaucoup plus prometteuses et devraient être dotées d’un système de suivi et de surveillance adéquat. De telles solutions nécessitent une direction impliquée, des mécanismes de gouvernance efficaces en place, et doivent être négociées et soutenues par de nombreuses parties prenantes stratégiques. Dans ce chapitre, nous nous concentrerons sur deux éléments clés d’une approche globale de la prévention de l’obésité infantile : (i) les mécanismes et les structures de soutien au sein du gouvernement, (ii) les politiques d’alimentation et d’activité physique à l’échelle de la population. Nous reconnaissons l’importance d’une troisième composante, dont les interventions communautaires, abordées par les auteurs dans d’autres chapitres.
Introduction à la situation européenne
Le surpoids et l’obésité sont très répandus chez les enfants et les adolescents des pays européens, touchant en particulier les enfants de parents moins éduqués 4. L’initiative européenne de surveillance de l’obésité infantile (COSI) 5 de l’OMS, cycle 2 (2009-2010), a montré, dans les pays participant à l’enquête, qu’environ un enfant sur trois âgé de 6 à 9 ans était en surpoids ou obèse.
La prépondérance du surpoids (y compris l’obésité) variait de 24% à 57% chez les garçons et de 21% à 50% chez les filles et celle de l’obésité de 9% à 31% chez les garçons et 6% à 21% chez les filles. L’étude sur les comportements en matière de santé chez les enfants d’âge scolaire (HBSC) dans la région européenne de l’OMS en 2009-2010 a montré que la prépondérance du surpoids et de l’obésité était comprise entre 11 et 33% chez les enfants âgés de 11 ans, entre 12 et 27% chez ceux de 13 ans et 10 à 23% à 15 ans 6. L’étude a également montré que dans certains pays une prépondérance plus élevée de surpoids est associée à un statut socio-économique inférieur. Cela est particulièrement préoccupant, car l’obésité infantile est associée à un certain nombre de problèmes de santé, le surpoids ou l’obésité susceptibles de persister à l’âge adulte, augmentant le risque de diverses maladies, dont les maladies non transmissibles (MNT) 7. Des six régions de l’OMS, la région européenne est la plus gravement touchée par les MNT : les maladies cardiovasculaires, le diabète, les cancers et les maladies respiratoires (les quatre principales MNT) représentent ensemble 77% de la morbidité totale et près de 86% de la mortalité prématurée 8.
Les décès dus aux MNT chez les hommes de la région européenne sont environ 13 fois plus nombreux que ceux liés aux autres causes combinées et l’incidence de tous les cancers, normalisés selon l’âge (combinés pour les deux sexes) y est la plus élevée 9. Une mauvaise alimentation, le surpoids et l’obésité contribuent en grande partie aux MNT, maladies cardiovasculaires et cancers inclus, deux causes principales de mortalité dans la région européenne de l’OMS 10.
L’excès de poids corporel (IMC> 25), une consommation excessive de calories, de graisses saturées, d’acides gras trans, de sucre et de sel, ainsi qu’une faible consommation de légumes et de fruits, de céréales entières et la sédentarité constituent les principaux facteurs de risque 11. Le surpoids affecte 30 à 80 % des adultes dans les pays de la région 10. La promotion et l’accessibilité à une alimentation saine et variée (à la fois disponible et abordable) et des mesures pour augmenter les niveaux d’activité physique sont donc des leviers politiques clés pour améliorer la santé et le bien-être de la population et réduire les inégalités en matière de santé.
Dans ce contexte, de nombreux gouvernements de la région ont pris des mesures pour développer et mettre en œuvre une série de mesures de prévention pour lutter contre l’obésité infantile. Les profils de pays récemment publiés pour les 53 États membres de la Région Européenne montrent que beaucoup prennent des mesures dans certains domaines, et certains introduisent des politiques innovantes (notamment en termes d’alimentation scolaire, de restrictions de commercialisation, de reformulation de l’alimentation et taxes sanitaires). Cependant, des lacunes importantes persistent et la mise en œuvre des politiques pourrait être encore développée. Une tendance claire domine : concentration dans les domaines politiques qui visent à informer / sensibiliser les consommateurs, et restriction des mesures dans les domaines nécessitant des changements structurels ou environnementaux facilitant une alimentation plus saine et promouvant l’activité physique, bien que reconnus prioritaires 12. À ce stade critique en Europe, nous décrivons une approche intégrée pour freiner la tendance à l’augmentation de l’obésité infantile (voir encadré 1) reposant sur de nouveaux conseils et outils de l’OMS pour la nutrition et l’activité physique. Tout en reconnaissant la grande importance des initiatives communautaires pour lutter contre l’obésité infantile, ce chapitre se concentrera sur les actions à deux niveaux : i) les structures de soutien au niveau gouvernemental et ii) les politiques au niveau de la population.
Les informations sur les pays participants à l’étude sont disponibles sur : http://www.euro.who.int/en/health-topics/disease-prevention/nutrition/activities/monitoring-and-surveillance/who-european-childhood-obesity-surveillance-initiative-cosi
http://www.euro.who.int/en/publications/abstracts/country-profiles-on-nutrition,-physical-activity-and-obesity-in-the-53-who-european-region-member-states.-methodology-and-summary
Encadré 1: Une approche intégrée de la prévention de l’obésité infantileLes causes de l’obésité sont complexes et variées et il est important de reconnaître qu’aucune intervention ne pourrait de façon isolée prévenir l’obésité infantile. En juillet 2013, le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe a organisé une conférence ministérielle sur la nutrition et les MNT, qui a abouti à l’adoption de la Déclaration de Vienne13. Cette Déclaration a chargé l’OMS d’élaborer un nouveau plan d’action pour l’alimentation et la nutrition et a également demandé l’élaboration d’une stratégie d’activité pour la région. Il a reconnu que les stratégies visant à améliorer la lutte contre l’obésité nécessitent une action gouvernementale globale dans un large éventail de domaines, notamment par la mise en œuvre d’un ensemble de politiques fondées sur des données probantes. Il a également reconnu que l’adoption et la mise en œuvre réussies de ces politiques nécessitaient de continuer à mettre l’accent sur la santé dans toutes les politiques et approches pangouvernementales. Au niveau structurel, la prévention de l’obésité infantile peut être facilitée par une plate-forme intragouvernementale pour coordonner et améliorer l’efficacité de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques et des programmes. En se focalisant sur l’amélioration de la réponse des systèmes et en modifiant les structures qui la façonnent, ces approches intergouvernementales peuvent aligner les incitations et garantir l’engagement actif des ministères et organismes nécessaires, ce qui se traduit par des politiques de soutien, des systèmes de surveillance adéquats, une allocation des ressources appropriée et peut faciliter le chemin des réglementations nécessaires. Au niveau des politiques à l’échelle de la population, la prévention de l’obésité infantile devrait se concentrer sur celles visant à façonner l’environnement, ce qui peut entraîner des changements significatifs dans les comportements liés à la santé dans la population. Au niveau communautaire, la prévention de l’obésité infantile comprend des projets et des programmes ciblés directement sur des contextes et des groupes spécifiques, répondant à des facteurs contextuels importants et offrant la possibilité d’encourager le développement de nouvelles aptitudes et compétences, en particulier parmi les groupes les plus vulnérables. Une approche à deux volets, avec un effort concerté pour introduire des politiques au niveau de la population en même temps que des initiatives communautaires, est susceptible d’induire un renforcement mutuel. |
Structures nécessaires au niveau gouvernemental
Cadres de gouvernance et de responsabilisation en santé
En raison de la nature multisectorielle des efforts de prévention de l’obésité infantile, les structures de gouvernance intersectorielles impliquant un large éventail d’acteurs sont de plus en plus considérées comme centrales dans la définition de l’agenda et gagnent le soutien des différents portefeuilles aux niveaux national ou régional 14.
Les approches pangouvernementales y compris, par exemple, un comité du Cabinet sur l’obésité ou un plan d’action pangouvernemental, sont considérées comme apportant une valeur ajoutée en raison de leur potentiel à faciliter l’engagement d’importants ministères en dehors du secteur de la santé (notamment les ministères de l’éducation, des transports et de la planification); conduire une action commune dans différents secteurs, avec des programmes et des objectifs communs identifiés; et aider à minimiser les obstacles à la mise en œuvre 15-17.
Cela dit, des efforts concertés sont nécessaires pour maximiser le potentiel de ces structures de gouvernance, étant donné que l’on a souvent l’impression que c’est le secteur de la santé qui demande aux autres départements de faire quelque chose avec peu pour eux, et l’action peut être limitée là où les intérêts divergent. Les gouvernements engagés dans des approches pangouvernementales doivent respecter des normes solides pour promouvoir l’action et suivre les progrès accomplis dans la réalisation des engagements.
Le plan mondial d’action 2013-2020 de l’OMS pour la prévention et la lutte contre les MNT encourage également les partenariats entre les agences gouvernementales, la société civile et le secteur privé pour réduire la mortalité liée aux MNT de 25% d’ici 2025 8. Dans ce cas, il est essentiel de veiller à protéger les intérêts publics par rapport aux intérêts privés, en assurant la transparence et en évitant et en gérant les conflits d’intérêts 18,19.
Ce plan d’action contre les MNT repose sur trois éléments pour accroître la transparence et limiter l’influence des intérêts commerciaux et des conflits d’intérêts potentiels dans le processus d’élaboration des politiques. Ces composantes sont basées sur le cadre de l’ONU Protéger Respecter et Remédier (Protect, Respect and Remedy). Premièrement, il est nécessaire qu’il y ait une direction gouvernementale forte pour respecter les engagements de prévention nationaux et de gestion des MNT, afin de parvenir en 2025 à une réduction de 25% de la mortalité prématurée liée aux MNT. Ensuite, il définit trois composantes successives pour accroître la transparence et la responsabilité.
Les composantes sont :
- Surveiller les progrès des parties prenantes dans les engagements
- Evaluer les progrès accomplis
- Répondre de manière appropriée pour lutter contre les MNT
Pour renforcer le plan d’action contre les MNT, l’OMS a élaboré un cadre mondial de suivi des MNT, avec un ensemble d’objectifs mondiaux volontaires, pour permettre le suivi mondial des progrès dans la prévention et le contrôle des principales maladies non transmissibles20. La perspective d’un échec politique perçu et d’une exposition internationale à l’incapacité d’atteindre les engagements et les objectifs convenus peut être une incitation politique très importante à changer et investir dans le renforcement des capacités de santé publique, bien que l’appropriation, l’acceptation et l’incorporation conjointes des objectifs par les gouvernements soient une condition préalable à l’obtention de l’impact 21,22 (voir encadré 2).
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Systèmes de suivi et de surveillance
Comme mentionné dans la section ci-dessus, un système national de suivi et de surveillance est essentiel pour évaluer les progrès, évaluer l’ampleur du problème et aider à identifier les politiques et actions ciblées qui aideront à faire face à la situation.
Pour suivre les progrès de l’engagement en matière d’obésité infantile mis en avant lors de la Conférence ministérielle européenne sur la lutte contre l’obésité en Turquie 2006, l’OMS a développé un système unique et complet de surveillance de l’enfance (COSI) ciblant les enfants d’âge scolaire (6-9 ans)5. COSI fournit des données mesurées comparables, résultat d’un protocole commun, de techniques de mesure standardisées et forme des examinateurs. En phase 2, la prédominance du surpoids (y compris l’obésité ; définitions de l’OMS) variait de 18% à 57% chez les garçons et de 18% à 50% chez les filles ; 6 à 31% des garçons et 5 à 21% des filles étaient obèses. COSI recueille des informations sur l’indice de masse corporelle (pour l’âge), le tour de taille et de hanche, les morbidités associées, l’apport alimentaire et les niveaux d’activité physique. En outre, il collecte désormais des informations sur les environnements de nutrition et d’activité physique à l’école au moyen d’un questionnaire standardisé. L’Enquête mondiale de l’OMS sur la santé des élèves en milieu scolaire (GSHS) et l’enquête collaborative de l’OMS sur le comportement sanitaire des enfants d’âge scolaire (HBSC) sont deux autres outils complets d’aide à la surveillance des facteurs de risque anthropométriques et comportementaux en milieu scolaire 6. Cette dernière enquête couvre 44 pays et régions d’Europe et d’Amérique du Nord, plus de 60 sujets et concerne plus de 200.000 enfants et sujets jeunes. Les indicateurs pertinents comprennent le surpoids et l’obésité autodéclarés chez les enfants de 11, 13 et 15 ans et les habitudes de consommation alimentaire. Un cadre d’objectifs volontaires a également été adopté dans le domaine de la nutrition de la mère, du nourrisson et du jeune enfant 23.
Financement
Partout en Europe, les pays sont confrontés au défi de parvenir à obtenir un financement spécifique pour assurer la durabilité des efforts de prévention de l’obésité et des interventions de promotion de la santé 24. Pour répondre à ce défi, certains pays européens ont créé des agences ou des fondations de promotion de la santé, financées par les taxes sur le tabac, l’alcool ou les aliments de mauvaise qualité et les boissons non alcoolisées. Les taxes sanitaires sur les boissons gazeuses ou une gamme plus large d’aliments classés comme moins sains par un modèle de profil nutritionnel peuvent, si elles ne sont pas trop faibles, modérer la demande pour ces produits, avoir un effet positif sur la santé publique, tout en augmentant également les revenus supplémentaires nécessaires pour financer la promotion de la santé et les interventions de lutte contre l’obésité, ainsi que pour subventionner la consommation de fruits et légumes 25. En Hongrie, les taxes sont semble-t-il les plus complètes et sont ajoutées aux aliments riches en graisses, en sucre, en sel et en caféine. Le gouvernement a également augmenté les tarifs sur les boissons gazeuses et l’alcool 26. Le gouvernement affirme que les recettes de la taxe sur les graisses seront affectées aux coûts des soins de santé et à la baisse des taux d’obésité 27. En 2012, le parlement français a soutenu une taxe sur les boissons contenant du sucre ajouté ou des édulcorants artificiels 28. La moitié de la taxe levée est reversée à la caisse d’assurance maladie pour lutter contre l’obésité, tandis que l’autre moitié sert à réduire les coûts liés aux travailleurs agricoles. La loi autrichienne sur la promotion de la santé (financée également par les recettes fiscales) impose au ministère des Finances de déduire un montant annuel spécifique des recettes de la taxe sur les ventes, avant que ces recettes ne soient réparties entre les niveaux de gouvernement national et régional 29. La Suisse suit un modèle de financement différent, selon lequel la loi sur l’assurance maladie stipule que les assureurs-maladie perçoivent une surtaxe annuelle auprès de chaque assuré au nom de Promotion de la Santé Suisse (Health Promotion Switzerland) 30.
Renforcer les systèmes de santé et la capacité de Santé publique
L’analyse de la situation actuelle du système de santé montre qu’il faut renforcer la capacité du personnel de santé publique à répondre aux maladies non transmissibles, aux facteurs de risque et aux comorbidités, y compris l’obésité infantile 31,32. Les facteurs contributifs peuvent être des pénuries, des déséquilibres et une inadéquation entre les modèles d’éducation et les besoins de santé 32-36. Dans Santé 2020 et la Déclaration de Vienne, figure un appel à de nouvelles approches et innovations pour améliorer la prestation des services de santé publique en plus de mieux tirer parti des capacités de la main-d’œuvre actuelle, grâce à un développement professionnel continu. En matière de prévention de l’obésité infantile, il faut renforcer les capacités et les compétences des établissements de soins de santé primaires, en conseils efficaces sur l’alimentation équilibrée et adaptée et l’activité physique bénéfique. Un travail de l’équipe de santé multidisciplinaire, avec des partenaires d’autres secteurs est nécessaire. Il est clair que si des services supplémentaires doivent être ajoutés à la charge de travail actuelle des professionnels de la santé, il faudra mettre en place des systèmes d’incitation et de performance appropriés 37,38. À cette fin, les gouvernements doivent élaborer des politiques qui garantiront la disponibilité d’un nombre suffisant d’agents de santé possédant les aptitudes, les compétences, les capacités et les incitations nécessaires pour fournir des conseils et des services préventifs aux populations 39,40.
Normes et directives
Les objectifs d’apports pour la population et de recommandations d’alimentation saine individuelles, en sus de celles d’activité physique, sont les bases des efforts de prévention de l’obésité. Celles-ci doivent être fondées sur des preuves, mises à jour régulièrement, adaptées à différents groupes de population (par exemple, enfants, adolescents, communautés âgées, groupes minoritaires) et communiquées efficacement aux décideurs et à la population. Par exemple, des directives diététiques basées sur les aliments devraient étayer tout message de sensibilisation du public ou communication sur le changement de comportement. En outre, les objectifs d’apport alimentaire pour la population et les directives diététiques basées sur les aliments sont nécessaires pour clarifier les critères nutritionnels qui sous-tendent l’élaboration et la mise en œuvre de politiques particulières. Des systèmes qui indiquent quels aliments peuvent être classés comme « plus susceptibles de contribuer à une alimentation saine » ou « moins susceptibles de contribuer à une alimentation saine », par exemple, sont nécessaires pour étayer les politiques alimentaires et nutritionnelles tels les étiquetages de type Nutriscore et la régulation sur la commercialisation auprès des enfants 41. Les autorités locales s’appuient également sur des lignes directrices (par exemple sur le rapport requis entre l’espace ouvert et l’espace bâti) pour créer des environnements de transport actif et de loisirs. Les objectifs nationaux de l’industrie alimentaire de composition des aliments, la commercialisation auprès des enfants et les allégations relatives à la santé peuvent également grandement contribuer à la mise en œuvre des politiques et sont mis en lumière par les objectifs d’apport alimentaire.
Politiques et initiatives au niveau de la population
Compte tenu de l’ampleur et de l’omniprésence du défi de l’obésité infantile, de plus en plus l’accent a été mis sur les interventions politiques allant au-delà de l’influence des comportements individuels et abordant les changements de l’environnement. On a montré que les interventions politiques (par rapport aux programmes), ciblées sur la prévention (par rapport au traitement) et centrées « en amont » sur l’environnement alimentaire, sont probablement les options de changement les plus rentables 42,43.
Ce changement démontre que les interventions à l’échelon individuel demandent beaucoup de ressources et, lorsqu’elles sont mises en œuvre seules, ont un potentiel de succès limité dans le temps tant que l’environnement favorise un comportement néfaste, limite l’accès aux aliments sains et des possibilités d’activité physique sûres. Cette approche est étayée par la preuve que bon nombre de nos comportements en matière de santé sont déterminés par les structures existantes et donc susceptibles de modifications grâce à des politiques façonnant l’environnement 44-47. On a aussi montré avec succès que les approches auprès des populations ont un potentiel supérieur pour lutter contre les inégalités que les approches individualisées, qui peuvent en réalité faire plus de mal que de bien 4. En réponse au défi d’identification des actions efficaces, des appels pour une approche plus « en amont » de la lutte contre l’obésité infantile ont été lancés, mettant l’accent sur des mesures basées sur la population qui peuvent façonner les circonstances et les conditions déterminantes sous-jacentes de l’alimentation et des comportements favorisant l’activité physique 48. Les secteurs ciblés comprennent tous les aspects du système alimentaire (tels l’agriculture, la transformation des aliments, la distribution alimentaire, le marketing, la vente au détail et les services alimentaires) et les secteurs qui influencent l’environnement de l’activité physique (tels les secteurs des infrastructures, des transports et de l’éducation).
Dans l’exemple des politiques alimentaires, cette approche a le potentiel d’influencer à la fois l’offre (par exemple par la reformulation des produits alimentaires ou des normes nutritionnelles dans des contextes spécifiques) et la demande des consommateurs (par exemple par l’étiquetage nutritionnel, les restrictions de commercialisation, les politiques de prix). Les approches « en amont » sont complétées par des approches « intermédiaires », qui peuvent tirer parti des avantages de contextes spécifiques des interventions de santé (par exemple les écoles de promotion de la santé, les installations communautaires et de loisirs et les institutions publiques), tout en conservant la capacité d’influencer une part significative de la population 48. Les normes applicables aux politiques « en amont » et « intermédiaires » sont généralement établies à l’échelon national ou régional. Il est un fait que de grandes inégalités socio-économiques, de genre et ethniques existent en matière d’obésité en Europe. Bien que les politiques dans ce domaine, telles que les régimes d’imposition sur le revenu, les mécanismes de sécurité sociale, le logement communautaire et les politiques d’éducation et de migration influencent sans aucun doute les résultats de santé généraux de la population, y compris l’obésité infantile, la résolution de ces problèmes dépasse le cadre de ce chapitre. Ils devraient cependant faire partie intégrante d’une stratégie de prévention des MNT.
La section ci-dessous traite principalement des politiques influençant l’environnement alimentaire et l’activité physique. L’éventail des points d’entrée politiques est large ; il s’agit notamment de l’utilisation des terres, de l’agriculture, de la fabrication et de la distribution des aliments, de la commercialisation des aliments, de la vente au détail et des services alimentaires et de l’étiquetage des aliments. Les données factuelles sur les politiques alimentaires se sont aussi développées rapidement ces dernières années, de sorte que la priorité de l’OMS est désormais d’encourager la mise en œuvre plus large d’un ensemble d’actions fondées sur elles, et le soutien à l’élaboration de politiques et de partage de bonnes pratiques. Pour cette raison, la section suivante traite des combinaisons d’interventions de prévention de l’obésité infantile les plus fréquemment citées.
Campagnes de sensibilisation du public, marketing social et communication pour le changement de comportement
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Des Campagnes de sensibilisation du public, marketing social et communication sur le changement de comportement liés à la nutrition et à l’activité physique ont été mises en œuvre dans des pays, en association avec une stratégie sur la manière de fournir des informations aux consommateurs (par exemple, l’élaboration et la communication de directives diététiques basées sur les aliments, l’étiquetage nutritionnel et la communication sur le changement de comportement, tels que les messages « 5- fois-par-jour », via les médias de masse) 49. Les campagnes liées à l’activité physique se sont révélées rentables surtout lorsqu’elles sont menées en parallèle avec d’autres interventions et programmes 50.
Encadré 3: Exemples de campagnes de sensibilisation du public pour promouvoir une alimentation saine et l’activité physiqueDepuis 2001, en France le ministère des Affaires sociales et de la Santé et l’Institut national de la prévention sanitaire et de l’éducation à la santé mènent une campagne pour un mode de vie sain intitulé « Manger Bouger » (Programme National Nutrition Santé (Programme National Nutrition Santé, PNNS). Il comprend un site Internet, des vidéos d’information et une publicité imprimée (www.mangerbouger.fr) et a été réalisé par le comité gouvernemental responsable du PNNS). Au Royaume-Uni, le ministère de la Santé a établi une stratégie de marketing social pour réduire l’obésité, dit « Change4life » (http://www.nhs.uk/change4life/Pages/change-for-life.aspx). Il a débuté en 2008 avec un programme de magasins d’épiceries dans le nord-est de l’Angleterre pour améliorer l’accessibilité aux fruits et légumes dans les zones à faibles revenus et a été suivi d’une vaste campagne de marketing social lancée en 2009, ciblant les familles 51. Il préconise un poids adéquat, manger sainement, faire de l’activité physique et réduire la consommation d’alcool en utilisant le slogan « bien manger, bouger plus, vivre plus longtemps ». |
Promouvoir et protéger l’allaitement maternel exclusif et assurer une alimentation complémentaire appropriée
L’allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois est largement reconnu comme la meilleure option d’alimentation du nourrisson et considéré comme une priorité de santé publique. Les bénéfices à court et à long terme de l’allaitement maternel pour les enfants et la mère ont été bien documentés, avec – entre autres – des effets protecteurs démontrés contre l’obésité puis les MNT 52-54. L’allaitement maternel constitue « une opportunité idéale de prévention de l’obésité » 53,55,56.
Un plan de mise en œuvre complet de nutrition de la mère, du nourrisson et du jeune enfant a été adopté par les États Membres de l’OMS en 2012. Il préconise des politiques nationales complètes qui encouragent, protègent et soutiennent l’allaitement maternel, et la mise en œuvre des actions recommandées dans le Code international de commercialisation du lait maternel substituts, la Déclaration Innocenti et les initiatives des « Hôpitaux amis des bébés ». Par exemple, l’Initiative des « Hôpitaux amis des bébés » s’est avérée être une stratégie efficace pour augmenter l’initiation et, dans une certaine mesure, la durée de l’allaitement maternel 57. La proportion d’« Hôpitaux Amis des Bébés » du pays est l’un des indicateurs permettant d’évaluer les progrès et les priorités du pays. Un hôpital est « Ami des Bébés » si le personnel est correctement formé ; les femmes reçoivent des informations sur les avantages de l’allaitement maternel et reçoivent une aide pour une initiation précoce ; les bébés ne reçoivent aucune autre forme de nourriture ou de boisson, sauf indication médicale ; et aucun substitut du lait maternel gratuit ou subventionné ou biberon n’est offert.
Commercialisation d’aliments et de boissons non alcoolisées auprès des enfants
La commercialisation d’aliments riches en graisses saturées, en graisses trans, en sucre et en sel et de boissons non alcoolisées à destination des enfants est largement répandue alors que son influence sur les préférences alimentaires, les connaissances et les attitudes des enfants, leurs choix d’achat et leur consommation est démontrée. La commercialisation des aliments à destination des enfants a été associée à des habitudes alimentaires délétères et un risque accru de surpoids et d’obésité. L’ensemble des recommandations de l’OMS sur la commercialisation des aliments et des boissons non alcoolisées destinés aux enfants, qui a été suivi d’un cadre de mise en œuvre des recommandations 58, 59 donne des indications claires sur la manière dont les états membres peuvent prendre les mesures nécessaires. Les états membres sont encouragés à mettre en place des mesures fortes pour réduire l’impact global sur les enfants de toutes les formes de commercialisation d’aliments riches en calories, en graisses saturées, en graisses trans, en sucre ou en sel. Ces mesures auront pour effet de réduire la puissance des techniques de communication utilisées et l’exposition globale des enfants à la commercialisation de ces aliments. Des définitions et des critères clairs sont nécessaires pour permettre une mise en œuvre standard, à savoir : une description claire des techniques de commercialisation couvertes par la politique ; comment déterminer si le marketing cible les enfants (par exemple, le temps, la composition du public) ; les types d’aliments auxquels s’appliquent les restrictions de commercialisation ; âge de l’enfant que la politique vise à protéger. Un rapport récent de l’OMS Europe montre que la commercialisation des denrées alimentaires à destination des enfants est toujours omniprésente et utilise de plus en plus un éventail croissant de canaux pour les atteindre, y compris les réseaux sociaux 2. Ces documents visent à soutenir le développement ou le renforcement des politiques existantes de commercialisation des denrées alimentaires à destination des enfants par des conseils pratiques sur la conception de politiques efficaces, des outils clés pour soutenir la mise en œuvre et des recommandations concrètes pour les systèmes de suivi et d’évaluation. Une étude de cas a été effectuée au Royaume-Uni et en Irlande sur leur expérience concernant la limitation de leur commercialisation. De même, au niveau régional, l’OMS cherche à promouvoir et soutient une approche commune des restrictions de la commercialisation des produits alimentaires via le réseau d’action de l’OMS pour la réduction de la pression commerciale sur les enfants ; le réseau d’action a récemment travaillé pour développer des modèles de profils nutritionnels qui identifient les aliments qui peuvent ou ne peuvent pas être commercialisés auprès des enfants, soutenant ainsi les politiques. Dans ce contexte, il est évident que les écoles devraient être des environnements sans commercialisation, protégés de toutes les formes de marketing alimentaire (y compris le parrainage).
Améliorer la qualité de l’approvisionnement alimentaire des enfants
S’appuyant sur l’expérience nationale dans d’autres domaines d’élaboration de politiques, l’OMS Europe fournit également des orientations sur le renforcement et l’expansion des stratégies de reformulation du sel en tant que priorité, et l’extension de ces programmes à d’autres nutriments, tels que la réduction des graisses saturées, du sucre et des calories. Ceux-ci peuvent être bénéfiques pour l’obésité infantile s’ils ciblent la qualité nutritionnelle et la taille des portions des aliments les plus fréquemment consommés par les enfants.
En outre, l’OMS encourage l’expansion des politiques qui fixent des critères nutritionnels pour les aliments disponibles / fournis dans les écoles, y compris les restrictions sur la disponibilité des aliments riches en graisses saturées, en graisses trans, en sucre ou en sel (par exemple, l’interdiction des distributeurs automatiques ou les normes alimentaires pour les pâtisseries dans les écoles). Les programmes de fruits et légumes à l’école devraient également être étendus, en vue d’augmenter la quantité et la fréquence des fruits et légumes fournis, y compris à un plus large éventail de groupes d’âge. Les politiques en milieu scolaire ont un fort potentiel d’influence sur les inégalités de santé. On a aussi largement démontré qu’une approche « à l’échelle de l’école » – où les politiques s’appliquent à toute la nourriture fournie ou disponible – est plus efficace, en particulier avec le soutien d’interventions de changement de comportement/d’éducation 60,61.
Le programme de fruits et légumes à l’école de l’Union européenne (UE) est volontaire, à l’échelle de l’UE, offre aux écoliers âgés de 6 à 10 ans des fruits et légumes gratuits, dans le but d’encourager de bonnes habitudes alimentaires chez les jeunes 62. Le programme, financé par contributions de l’UE et de l’État membre qui le met en œuvre, oblige les États membres participants à mettre en place des stratégies comprenant des initiatives d’éducation et de sensibilisation.
Mesures fiscales ciblées
Enfin, l’application éventuelle de politiques de prix pour lutter contre le surpoids et l’obésité a suscité un vif intérêt, une attention particulière étant accordée au rôle des taxes sur les boissons sucrées. Puisque des preuves significatives existent de l’implication des boissons sucrées dans l’obésité infantile 63, les politiques de prix qui abordent la consommation de ces produits par les enfants auront un impact tangible 42,43. Ces preuves suggèrent que les jeunes consommateurs (principalement les adolescents dans ce cas) sont les plus sensibles aux augmentations de prix et que l’impact global des taxes est positif sur la santé des gros consommateurs et de nos groupes les plus vulnérables, pour lesquels une mauvaise santé tout au long de la vie peut être un obstacle majeur au bien-être et à la pleine participation à la société. Il faudrait également examiner en amont le rôle des subventions, intégrant par exemple des objectifs nutritionnels clairs dans les programmes d’aide alimentaire destinés aux femmes et aux jeunes enfants. Des preuves émergentes suggèrent que l’inclusion d’options plus saines (par exemple pain complet, lait peu riche en matières grasses) dans les programmes d’aide ou les incitations tarifaires dans les magasins de vente au détail peuvent influencer le comportement d’achat, avec un impact positif probable sur l’alimentation globale des enfants 63-65.
Politiques d’activité physique
La Stratégie mondiale de l’OMS sur l’alimentation, l’activité physique et la santé souligne que les gouvernements nationaux et locaux devraient apporter leur soutien pour garantir l’accès à la marche, au cyclisme et aux autres formes d’activité physique. Il est reconnu que les politiques et les interventions qui modifient l’environnement physique sont essentiels pour apporter des changements aux modèles d’activité physique de la population. La recommandation actuelle en matière d’activité physique pour les enfants et adolescents âgés de 5 à 17 ans de l’OMS est d’au moins 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse par jour 66. Le type d’activité inclue des jeux, du sport, des loisirs, l’éducation physique ou l’exercice planifié dans un cadre spécifique. Les recommandations de l’OMS peuvent être utilisées par les gouvernements nationaux et locaux pour élaborer des politiques et fournir des incitations pour garantir que la marche, le vélo et d’autres formes d’activité physique sont accessibles et sûres. En matière d’activité physique, les politiques environnementales qui ont un impact sur le mode de transport des personnes ou qui augmentent l’espace public pour les activités récréatives peuvent fournir des bénéfices pour la santé ; des interventions ciblant l’environnement bâti, des politiques qui réduisent les obstacles à l’activité physique, des politiques de transport et des espaces de loisirs sont donc à la fois nécessaires et prometteuses 67.
Les interventions dans les médias pour le grand public utilisent couramment la télévision et la radio, ainsi que la presse écrite et sont souvent menées en parallèle à des activités communautaires. On a démontré que les campagnes médiatiques de promotion de l’activité physique sont efficaces menées en parallèle à des programmes dans les écoles ou les communautés locales et s’associées à des politiques d’élimination des obstacles environnementaux 50.
Conclusion
L’expérience acquise dans la région européenne de l’OMS souligne l’importance de plusieurs éléments clés, notamment: une direction politique de haut niveau; une structure de collaboration multisectorielle au sein du gouvernement et un engagement efficace des acteurs sociaux et communautaires; politiques s’occupant de l’environnement alimentaire et suivi et évaluation en temps opportun des niveaux de surpoids et d’obésité de la population, des facteurs de risque alimentaires, des niveaux d’activité physique et de l’impact au fil du temps des politiques et des interventions 12,68. Les facteurs facilitants comprennent des fonds adéquats et durables, l’engagement opportun d’experts et l’accent mis sur le développement des fonctions, des rôles et des compétences au sein du personnel de santé publique, au sens large, pour en conduire la mise en œuvre 40.
Le gouvernement a un rôle central en fournissant un large éventail d’actions destiné à la population. En Europe, un large éventail de politiques et d’initiatives à l’échelle de la population, y compris des politiques influençant les environnements et les systèmes alimentaires, les environnements d’activité physique et les campagnes de marketing social sont actuellement promus et mis en œuvre.
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